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Palazzo della Pilotta : plonger dans l’histoire artistique et architecturale de Parme

Palazzo della Pilotta : plonger dans l'histoire artistique et architecturale de Parme

Palazzo della Pilotta : plonger dans l'histoire artistique et architecturale de Parme

Impossible de parcourir les rues de Parme sans être happé par la silhouette imposante du Palazzo della Pilotta. Situé en plein cœur historique de la ville, à deux pas du Teatro Regio et du Duomo, cet ensemble monumental intrigue autant qu’il impressionne. Avec ses arches massives, ses escaliers suspendus et ses grandes cours intérieures, il semble à la fois hors du temps et ancré dans l’ADN urbain parmesane. Mais au-delà de son apparence brute, presque austère, se cache une richesse artistique et architecturale que tout visiteur — curieux ou passionné — se doit d’explorer.

Une histoire façonnée par les Farnèse

Tout commence à la fin du XVIe siècle. En 1580, Ottavio Farnèse, Duc de Parme et de Plaisance, lance un chantier colossal en périphérie immédiate du centre médiéval de Parme. L’objectif ? Doter la famille ducale d’un palais digne de son rang, capable de regrouper toutes ses fonctions administratives, résidentielles et militaires. Le nom « Pilotta » proviendrait d’un jeu de balle basque pratiqué par les soldats espagnols de la garnison, la pelota, qui se déroulait dans l’une des cours intérieures.

Mais ce projet pharaonique ne sera jamais véritablement achevé. Le départ des Farnèse pour Naples en 1731 met un terme à l’ambition ducale. Pourtant, ce demi-palais au style sévère devient vite un point névralgique de la vie culturelle de la ville. Aujourd’hui, le Palazzo della Pilotta abrite plusieurs institutions majeures : la Bibliothèque Palatine, le Musée Archéologique National, le Théâtre Farnèse, la Galerie Nationale et l’Institut d’Art Toschi. Une véritable ville dans la ville.

Le Théâtre Farnèse : un chef-d’œuvre suspendu dans le temps

Impossible de visiter la Pilotta sans s’arrêter dans le Théâtre Farnèse. Ce joyau, construit entre 1617 et 1618 par l’architecte Giovan Battista Aleotti, est entièrement réalisé en bois et stuqué pour imiter le marbre. Sa particularité ? Il s’agit d’un des rares théâtres Renaissance en bois encore debout en Europe — et sans doute le plus spectaculaire.

Capable d’accueillir jusqu’à 3 000 spectateurs, le théâtre pouvait être rempli d’eau pour des spectacles nautiques, ce qui reste difficile à imaginer aujourd’hui tant l’endroit dégage une atmosphère de recueillement presque muséal. Détruit en grande partie sous les bombardements de 1944, il a été reconstruit après la guerre avec une fidélité exemplaire à l’original.

Et si vous écoutez bien, vous entendrez peut-être encore résonner les notes d’un opéra baroque ou le tumulte des festivités royales…

La Galerie Nationale de Parme : un musée à taille humaine

À l’étage supérieur du complexe, la Galleria Nazionale propose un voyage à travers huit siècles de peinture italienne. Ouvert en 1839, le musée a été constitué à partir des collections du duché, notamment celle de la Duchesse Marie-Louise d’Autriche, seconde épouse de Napoléon.

Vous y retrouverez les plus grands maîtres parmesans : le Corrège, dont la sensualité des formes continue de troubler le regard ; et le Parmigianino, virtuose du maniérisme et auteur du célèbre Autoportrait dans un miroir convexe, une œuvre aussi fascinante que déroutante. Mais la Galerie ne se limite pas aux gloires locales :

Ce qui distingue cette galerie, c’est sa lisibilité : pas d’empilement d’œuvres, pas d’audio-guide labyrinthique, mais un parcours clair, convivial, où chaque salle respire.

Un patrimoine en constante évolution

La force du Palazzo della Pilotta réside aussi dans son adaptabilité. À l’instar d’un musée vivant, la structure s’enrichit constamment de nouvelles installations. En 2021, un ambitieux projet de rénovation, soutenu par le Ministère italien de la Culture, a été lancé pour mieux relier les différentes zones du palais et créer une circulation plus fluide et intuitive pour les visiteurs. Les anciennes écuries ont été réaffectées, certaines salles désormais climatisées reçoivent des expositions temporaires de grande qualité.

Récemment, l’artiste français JR a recouvert la façade de l’édifice de papiers collés géants représentant l’intérieur du théâtre Farnèse, créant l’illusion d’une ouverture dans les murs. Une installation qui a fait le tour des réseaux sociaux, prouvant que l’histoire ne s’arrête jamais vraiment à la Pilotta.

Des anecdotes que seuls les Parmesans racontent

Si vous demandez à un habitant de Parme ce que représente la Pilotta, la réponse dépendra souvent de leur âge… et de leur humeur. Pour certains, c’est le terrain de leurs premières parties de foot improvisées sous les arcades. Pour d’autres, c’est le raccourci quotidien pour rejoindre la fac, ou encore un lieu de rendez-vous devenu rituel.

« Je me souviens encore des après-midi passées à dessiner sur les escaliers, carnet sur les genoux », raconte Lucia, 64 ans, ancienne élève de l’Institut d’Art Toschi. « C’est le genre d’endroit où l’on apprend à regarder. »

Et il y a cette légende qui circule, bien connue des collégiens parmesans : si l’on crie dans la grande cour intérieure après minuit, l’écho vous répond avec la voix d’un des anciens gardes duchaux. Un bon moyen pour faire frissonner les plus crédules lors des nuits d’été.

Recommandations pratiques pour une visite réussie

Le Palazzo della Pilotta peut aisément occuper une demi-journée, mais mieux vaut organiser sa visite :

Une dernière chose : si vous visitez le site en été, pensez à emporter une bouteille d’eau ou un éventail – la pierre conserve bien la chaleur, même à l’ombre des arcades.

Pourquoi la Pilotta reste essentielle pour comprendre Parme

Le Palazzo della Pilotta n’est pas qu’un monument. C’est un miroir dans lequel se reflètent plus de quatre siècles de l’histoire parmesane. Une enclave culturelle où cohabitent artistes, chercheurs, étudiants et rêveurs. Un lieu qui, à l’instar de la ville elle-même, se nourrit de contrastes : austérité du bâtiment et délicatesse des œuvres, passé prestigieux et créations contemporaines, solennité patrimoniale et vie quotidienne.

L’explorer, c’est entrer en dialogue avec l’âme d’une ville qui ne se laisse jamais entièrement saisir — mais qu’on apprend à aimer un peu plus à chaque passage sous ses arcades.

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