Parme, joyau discret de l’Émilie-Romagne, ne cesse de surprendre ceux qui s’y arrêtent, même brièvement. Que l’on soit gourmet, passionné d’histoire ou amateur d’art, cette ville à taille humaine offre une densité culturelle rare, parfaitement propice à une exploration en une journée. Vous êtes de passage et vous n’avez que 24 heures devant vous ? Voici un itinéraire rationalisé, pensé pour vous faire goûter à l’essentiel de Parme, sans courir mais sans rien manquer.
Départ matinal : la Piazza Duomo et ses trésors
La journée commence au cœur battant de Parme : la Piazza Duomo, un concentré étonnant de spiritualité et de raffinement roman.
Dès 8h30, quand le soleil commence à dorer les pierres roses du Duomo di Parma (la cathédrale), vous êtes déjà à l’intérieur, plongé sous la coupole vertigineuse peinte par le Corrège. Un chef-d’œuvre du maniérisme à ne pas manquer, même pour les yeux les moins exercés à l’art sacré.
À deux pas de là, le Baptistère, chef-d’œuvre de Benedetto Antelami, mérite bien 30 minutes d’attention. Pourquoi ? Parce que son plan octogonal, ses bas-reliefs finement sculptés et sa polychromie rose sont uniques en Italie. L’intérieur, d’une sobriété élégante, invite à la contemplation.
Comptez une bonne heure pour visiter les deux lieux, en prenant le temps d’observer les détails et de saisir l’âme médiévale du quartier.
Un café avec les locaux : Strada Farini
9h45, il est temps de faire ce que font les Parmesans : s’arrêter pour un caffè. Filez vers Strada Farini, l’un des axes les plus vivants de la ville. Les terrasses s’y installent au printemps, et même en hiver l’ambiance y reste chaleureuse.
Installez-vous chez Caffè Cavour 1880 ou Pepèn (plus informel mais tout aussi authentique), pour un expresso accompagné d’une brioche alla crema ou d’un croissant garni de confiture maison. Les conversations locales, le va-et-vient tranquille… Voilà un condensé simple mais savoureux de l’art de vivre à Parme.
Art et musées : la Galleria Nazionale di Parma au cœur du Palais de la Pilotta
À deux rues de là, l’imposant complexe de la Pilotta vous attend. Comptez deux heures pour explorer les points incontournables : la Galleria Nazionale (où officie encore l’ombre du Corrège, mais aussi de Parmigianino, Léonard de Vinci ou Canaletto), le Théâtre Farnese — entièrement en bois et reconstitué au XXe siècle — ainsi que la Bibliothèque Palatine pour les férus de manuscrits rares.
Ces lieux respirent la grandeur du duché de Parme. Même en une visite rapide, on en repart avec la sensation d’avoir pénétré un pan dense et méconnu de l’histoire italienne.
Déjeuner rapide, mais goûteux : l’inévitable dégustation parmesane
Il est midi passé. Direction la Salumeria Garibaldi, à quelques pas de la Piazza Garibaldi. Ici, la solution idéale : un panino généreux garni de Parmigiano Reggiano affiné 36 mois, Prosciutto di Parma en fines tranches et un tour de moulin à poivre noir pour rehausser le tout. On peut emporter ou s’installer à l’ombre, sur les bancs de la Piazza della Steccata, devant l’élégante Basilica di Santa Maria della Steccata.
Balade digestive ou shopping gourmet : Via della Repubblica et Via XX Settembre
Le ventre apaisé, on repart doucement vers les artères commerçantes du centre-ville. Les amateurs de produits locaux s’attarderont chez La Prosciutteria Langhirano ou Gastronomia Felino pour rapporter un souvenir comestible. Il n’est pas rare d’y croiser des chefs venus choisir leur produit à la source.
Plus bohème, la Via XX Settembre essaime ses petites boutiques d’artisanat, friperies soignées et papeteries anciennes. C’est ici que l’on sent battre le cœur quotidien de Parme, entre touriste curieux et étudiants de la Faculté des Lettres.
Parenthèse verte : le Parco Ducale
14h30. On traverse le Ponte Verdi au-dessus du torrent Parma pour se plonger dans la fraîcheur du Parco Ducale, à la fois jardin à la française et poumon de la ville. Idéal pour digérer… ou somnoler un peu à l’ombre d’un platane centenaire.
Au fond du parc, se dresse le Palazzo Ducale, ancien repaire de la duchesse Marie-Louise (oui, l’ex-impératrice), témoin d’un autre chapitre discret mais fascinant de l’histoire parmesane.
Pause sucrée : gelato ou torta duchessa ?
On remonte en ville vers 16h, et selon votre préférence, deux arrêts s’imposent :
- Gelateria Albero (Via Farini) pour un sorbet citron-basilic ou noisette-gianduia d’une rare finesse.
- Pasticceria Torino, près du Teatro Regio, pour goûter la torta duchessa — ganache au chocolat, pâte sablée et fruits confits comme au XIXe siècle.
Les Parmesans restent très attachés à leur patrimoine sucré, et ces douceurs racontent elles aussi quelque chose de la ville : précision, finesse et traditions bien ancrées.
Rendez-vous avec Verdi : le Teatro Regio
À 17h, l’heure est venue de plonger dans l’âme musicale de Parme. Même sans spectacle à l’affiche, le Teatro Regio ouvre souvent ses portes pour une visite guidée (renseignez-vous sur le site officiel). Temple de l’opéra, il rend un hommage vibrant à Giuseppe Verdi, natif de la province. Chaque détail, du lustre aux loges, respire la tradition lyrique.
Et si vous êtes chanceux — ou prudent dans votre timing —, vous aurez peut-être la possibilité d’assister à une répétition ouverte. Un moment suspendu, où la musique épouse les dorures du lieu comme si le temps s’arrêtait.
Un coucher de soleil… et un spritz sur les berges
18h30. Pour finir la journée en beauté, direction les berges du Torrente Parma. En été, les bars éphémères s’installent non loin du Ponte di Mezzo. Le reste de l’année, l’Enoteca Tabarro reste une valeur sûre pour boire un Spritz alla francese ou un verre de Malvasia locale, accompagnés d’olives et de copeaux de Parmesan.
Observer le ciel rosir sur la ligne d’horizon de la vieille ville, entre clochers et toitures ocre, c’est dire au revoir à Parme en douceur — sans avoir manqué l’essentiel.
Quelques conseils pratiques pour optimiser votre passage
- Heures d’ouverture : la plupart des musées ferment vers 18h. Anticipez pour éviter les déconvenues.
- Déplacement : Parme se parcourt très facilement à pied. Le vélo est une option agréable, surtout en été (plusieurs services de location dans le centre).
- Langue : les Parmesans ont l’accueil facile, mais peu parlent français. L’anglais passe dans les lieux touristiques, l’italien reste un plus.
- Carte de la ville : demandez-la à l’office du tourisme Piazza Garibaldi, elle inclut les horaires actualisés de tous les sites.
Parme ne s’impose pas. Elle se murmure, se dévoile, se ressent. En une journée, on peut déjà nouer avec elle une relation étonnamment intime. Et souvent, ça donne envie de revenir.